LES VACANCES DE SANCHO PANSA

LES VACANCES DE SANCHO PANSA

Depuis plusieurs mois, un petit groupe de Don Quichotte’s tentent désespérement de faire passer au Népal une loi pour interdire purement et simplement des sacs et des bouteilles d’eau en plastique sur les chemins de trek comme cela s’est fait au Ladakh ou au Bhoutan voisins. Ces itinéraires de trek correspondent exactement aux Parcs Nationaux qui ont été créés pour tirer profit du tourisme. Mais cette campagne a du mal à ‘prendre’, que ce soit auprès du syndicat des agences de trekking, les Parcs nationaux ou le gouvernement maoïste au pouvoir. Et pourtant :

Est-ce si difficile de demander à tous les trekkeurs d’apporter une gourde et d’y mettre une pastille de micropur ou de la remplir d’eau bouillie et d’attendre que l’eau ait refroidie pour la boire (ou éventuellement de la boire tiède) ?

Est-ce si difficile d’imposer que les lodges sur les chemins de trek soit tous équipés d’un filtre à eau et/ou de remettre en état les gros filtres à UV installés à grands frais dans les villages de l’Annapurna qui devaient fournir (vendre) de l’eau potable aux touristes et en donner aux populations locales ?

Est-ce si difficile d’interdire purement et simplement le plastique sur les chemins de trek comme le font depuis 12 ans les habitants des villages entre Chomrung et le Sanctuaire de l’Annapurna ?

Est-ce si difficile aux Parcs Nationaux d’interdire les bouteilles d’eau minérale – on sait que plus de la moitié de celles-ci ne répondent pas aux normes minimales de l’OMS -, et les sacs en plastiques qui finissent en général dans les arbres ? Depuis pas mal d’années déjà les Parcs nationaux ont interdit les feux de bois et le camping sauvages : pourquoi pas les bouteilles et sacs en plastique qui doivent mettre environ 500 ans à se biodégrader ?

Est-ce si difficile d’organiser la collecte des détritus et de nettoyer en fin de saison les terrains de camping du Dolpo ou du Ganesh Himal en utilisant une toute petite part des royalties touristiques ou en faisant payer les patrons de lodges, les agences de trek et autres entrepreneurs qui bénéficient de la manne touristique (dont je suis) ?

Est-ce si difficile pour les propriétaires de lodges des villages du Mustang ou de l’Everest de construire des abris pour les porteurs et de leur offrir un repas chaud qui ne leur coûte pas la moitié de leur salaire quotidien ? Même si c’est par pur cynisme, car sans porteur il n’y a plus de trekkeur….

Est-il si difficile de prévenir plutôt que de guérir quand on sait que la dernière campagne pour nettoyer le camp de base népalais de l’Everest a couté 100 000 dollars pour récupérer 1,1 tonne de déchets, soit la bagatelle de 90 $ le kilo quand même, et qu’il en reste au moins 100 fois autant…

Amis trekkeurs, il n’est pas difficile d’emporter une gourde lors de votre prochain trek au Népal ou ailleurs, et de soutenir la campagne de plastic freemalaya (1) pour que les Himalayas soient déclarés une zone sans plastique : Don Quichotte ne devra plus se (dé)battre qu’avec des moulins à prière et des chevaux du vent (2), et ça fera des vacances à Sancho Pansa qui ne sera plus obligé de nettoyer derrière lui….


Jérome Edou
Novembre 2012